JIM LEE, DESSINATEUR STAR ET PRéSIDENT DE DC COMICS, CROIT TOUJOURS AU POUVOIR DU DESSIN

Maison de Batman, Superman ou Wonder Woman, l'éditeur américain DC Comics est l'une des principales écuries de super-héros mais doit "sans cesse se renouveler" pour éviter de lasser ses lecteurs, assure à l'AFP Jim Lee, son président de 59 ans et un de ses dessinateurs vedettes.

Son groupe, qu'il a rejoint dans les années 1990 après avoir démarré chez le concurrent Marvel, est au coeur d'une série documentaire en trois épisodes, "Superpowered", qui retrace ses quelque 90 années d'existence et est diffusée à partir de mercredi sur la chaîne Warner TV Next.

Question:La division entre le bien et le mal dans les histoires de super-héros, assez simpliste, a-t-elle encore sa place dans le monde d'aujourd'hui ?

Réponse: "Le combat entre le bien et le mal était plutôt caractéristique des premières décennies de DC Comics.

À partir des années 70 et 80, la montée en puissance des anti-héros et des histoires qui donnent le point de vue des méchants a contribué à rendre les histoires plus nuancées, intéressantes, avec un plus grand degré de sophistication dans la narration.

Le mérite de ces histoires, c'est de rappeler aux lecteurs que, malgré les épreuves et les traumatismes que nous traversons tous, nos propres choix peuvent faire la différence et, finalement, nous permettre de changer l'avenir.

Question: Necraignez-vous pas que les fans de super-héros finissent par se lasser de cette surabondance de récits et de contenus ?

Il y a bien sûr toujours un risque que les gens n'aient pas le temps de suivre tout ce qui sort. C'est mon cas, alors que je suis en plein dedans !

Mais oui, il est possible que le lecteur se lasse si les histoires ne sont pas assez originales, uniques... Il faut sans cesse se renouveler. 

Après, en tant que fan, on a actuellement une offre de films, de séries, de comics, pour laquelle j'aurais donné n'importe quoi quand j'étais gosse !"

Question: L'intelligence artificielle (IA) menace-t-elle la bande dessinée ?

Réponse:"Nous devons trouver un moyen de cohabiter avec l'IA, afin que les auteurs du matériau source qu'elle utilise soient correctement crédités et rémunérés.

Mais, même si on me payait pour utiliser l'IA, je ne m'en servirais pas. Je ne crée pas des œuvres d'art dans le seul but d'être payé. J'aime m'asseoir avec une feuille de papier et un crayon. J'entre dans un état de transe, les heures passent et j'ai l'impression qu'elles durent 15 minutes. A la fin, j'éprouve un sentiment de satisfaction incroyable parce que j'ai voyagé et créé quelque chose.

Taper une commande et obtenir un rendu deux minutes plus tard ? Cela me priverait de la raison pour laquelle je me suis lancé dans ce métier."

Question:Quelles ont été vos inspirations dans les premières années ?

: "De Frank Miller (+Batman: The Dark Knight Returns+), la narration et la façon dont il composait les panneaux sur la page, presque comme des notes de musique... Chez John Byrne (+The Man of Steel+), sa façon de représenter les corps, la forme humaine... 

Je piochais des éléments chez beaucoup d'artistes différents et j'essayais de les synthétiser, de trouver mon propre style, qui ne soit pas qu'imitation.

Alors peut-être qu'à ma façon, j'étais une sorte de moteur d'intelligence artificielle à l'époque (rires)".

Question: Les comics sont-ils trop violents ?

Réponse: "Il y a une part de vérité là-dedans. C'est parfois plus simple de faire s'affronter physiquement les personnages pour résoudre un conflit mais je ne suis pas sûr que ce soit la leçon que vous voulez que les lecteurs en retirent.

Malheureusement, dans beaucoup d'histoires, cela semble la seule issue pour résoudre un problème. C'est peut-être un triste reflet de l'état du monde dans lequel nous vivons. Mais, au final, seules les histoires les plus riches en émotions, aux concepts les plus complexes, ont un véritable impact. Et ce sont aussi celles qui se vendent le mieux."

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