VINS, COCKTAILS, WHISKY… DES LIVRES à SAVOURER SANS MODéRATION

Pour s’instruire, rêver ou s’amuser, « Le Monde » a sélectionné onze ouvrages à même de séduire tous les profils d’amateurs de breuvages alcoolisés… ou pas.

Dictionnaire éméché du cinéma, de Benoît Franquebalme.De A, comme Affiche de cinéma, celles qui montrent de l’alcool, jusqu’à Z, avec le film Zombie Club Special Cocktail (Richard J. Thomson, 2014), ce livre joyeux et coloré, truffé de photographies de stars et de scènes mémorables, égrène anecdotes ou dialogues cultes dans lesquels la boisson tient une place centrale. Où l’on apprend que les frères Lumière ont tourné des publicités pour le champagne et que Ridley Scott a réalisé un court-métrage pour le cognac XO de Hennessy ; que Marion Cotillard a commencé sa carrière en interprétant une femme ivre dans une campagne sur les dangers de l’alcoolisme… et a depuis ouvert deux bistrots dans Paris ; qu’un mouton rothschild a sauvé la vie de James Bond dans Les diamants sont éternels… De quoi alimenter les discussions du réveillon.

La Tengo, 160 p., 24 €.

A la découverte des vins géorgiens, de Christophe Lavelle.Du haut de ses huit mille ans d’histoire viticole, la Géorgie est un berceau du vin. Sa méthode de vinification en kvevri (grosses jarres enterrées) est inscrite sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco, on y croise cinq cents cépages autochtones, et le pays fait se pâmer les amateurs de vin branchés. Pourtant, les bouteilles géorgiennes sont rares chez les cavistes et méconnues. Il fallait ce livre, petit mais très instructif. Avec lui, on réapprend l’histoire et la géographie du pays sous le prisme de la vigne, on découvre ses cépages, régions de vignes, appellations, mais aussi le goût des vins… En prime, une belle liste de cavistes et de bars à vins, en Géorgie et en France.

Apogée, 176 p., 12 €.

Le khatchapouri, galette star de la gastronomie géorgienne

Savoir parler du vin, de Jean Szlamowicz.Contrairement à ce que peut laisser croire le titre, il s’agit moins d’un ouvrage pédagogique visant à apprendre à utiliser les bons mots que d’une réflexion sur le vocabulaire lui-même, la façon dont il traduit notre façon de percevoir et de goûter le vin tout en les structurant. Ce linguiste, qui convoque au fil des pages de nombreuses références et extraits littéraires, analyse ainsi un langage qui dépasse largement la sensibilité du dégustateur, pour porter la trace des évolutions lexicales et des pratiques historiques. Et qui, finalement, nous éclaire sur l’évolution du vin en lui-même.

Cerf, 240 p., 20 €.

L’Odyssée du vin. Tour du monde des vins et vignobles remarquables, de Jérémy Cukierman.Déjà auteur de deux livres remarqués, Vignerons essentiels (La Martinière, 2019) et Quel vin pour demain ? Le vin face aux défis climatiques (Dunod, 2021), Jérémy Cukierman continue d’explorer ce monde qui le fascine tant. Dans un style inspiré, son dernier ouvrage, parsemé de photos spectaculaires, tantôt en couleur, tantôt en noir et blanc, montre des aventures humaines marquées par les passions, les migrations et autres entêtements de civilisation. Il s’agit de partager des voyages viticoles par-delà les continents. Grâce à une cinquantaine d’histoires de vignobles, parmi les plus iconiques, on découvre comment l’homme s’adapte aux conditions géographiques qui l’entourent ; il y a les pionniers, les insoumis, les poètes, les missionnaires… Tous des Ulysse qui, ensemble, bâtissent bien une odyssée !

Dunod, 280 p., 35 €.

Les Grands Crus de Bourgogne. Atlas parcellaire et caractérisation des climats, de Laurent Gotti. Photos de Michel Baudoin.D’emblée, on est mis au parfum : « Un peu de nature, beaucoup de culture. » Telle est, dans ce beau livre illustré, la porte d’entrée d’une Bourgogne morcelée, au modèle unique au monde. Cet atlas, porté par des cartes réalisées par Laurent Gotti lui-même, permet de connaître les noms des propriétaires et de leur propriété, parcelle par parcelle. Ce travail titanesque met en lumière l’énorme mosaïque des grands crus de la région. Ce livre, également illustré de photos, est bien cadencé grâce à un texte riche et accessible.

Collection Pierre Poupon, 288 p., 59 €.

« On a planté les vignes comme les anciens le faisaient. Juste un bout de bâton dans la terre, sans racines, sans porte-greffe » : le Domaine Trapet, de la Bourgogne à l’Alsace

Vignoble de Saint-Emilion. Un terroir de l’humanité, de Florence Hernandez. Photos de Guillaume de Laubier.On savait que Saint-Emilion, vignoble inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, était photogénique, mais à ce point, chapeau. Les photos ne sont pas juste des illustrations mais des documents instructifs sur le travail des vignerons dans leur paysage afin de bâtir un jardin hautement civilisé. Les mots racontent l’histoire de sites, notamment à travers une vingtaine de vignerons. La prouesse de l’autrice est de surmonter les conflits apparus au sein de l’appellation lors du classement des crus. Un livre de toute beauté !

Editions de La Martinière, 224 p., 40 €.

Une philosophie du vin, de Pierre-Yves Quiviger.« Des philosophes parlant du vin, il y en a depuis que la philosophie existe. » L’auteur, qui dirige le département de philosophie de l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, met ses pas dans ceux de Platon, de Sénèque ou de Rabelais dans un livre qui se dévore comme un roman. Mais il se garde du ton professoral ou docte. Son essai est l’œuvre d’un fondu de vin plus qu’un cours de philo. Le socle culturel se mêle aux histoires intimes, parmi lesquelles des confidences drôles sur une nuit d’ivresse en Russie. Quiviger rend hommage aux bouteilles partagées, aux histoires qu’elles contiennent, et qu’il prolonge par son savoir.

Albin Michel, 288 p., 17,90 €.

Atlas Hachette des vins du monde, de David Cobbold, Sébastien Durand-Viel, Mathieu Persan, Léonie Schlosser. Au-delà des célèbres rioja espagnol, barolo d’Italie, crus de la Napa Valley aux Etats-Unis, voire tokay de Hongrie, la planète viticole a encore beaucoup à offrir. Cet atlas grand format, aux belles cartes permettant la localisation des appellations, propose un superbe voyage. Les auteurs se sont risqués à concocter une liste hypersélective de 359 domaines de qualité de par le monde, racontés en des textes concis. Si les vignobles français occupent la moitié du livre, tous les pays sont présentés (réglementation, cépages…). Instructif.

Hachette Vins, 320 p., 45 €.

Les vignobles de Californie et d’Italie attirent les stars

La Bataille des vins de Henri d’Andeli (XIIIᵉ siècle), traduction de Catherine Dulhoste. En ce temps-là, le vin était considéré comme un aliment, les crus d’Argenteuil pouvaient rivaliser avec ceux de Beaune, et les œnologues portaient la tonsure. Au soir de sa vie, le roi Philippe Auguste (1165-1223), assisté d’un prêtre anglais bientôt trop saoul pour finir l’exercice, s’occupe à une tâche sensible, celle de déguster quatre-vingts crus de son temps pour séparer le bon grain de l’ivraie, et distinguer les meilleurs. Poème en langue d’oil composé au XIIIᵉ siècle, La Bataille des vins n’était connu que par bribes. Le superbe ouvrage de Catherine Dulhoste en propose une traduction complète en vers, nourrie de fac-similés, de commentaires et de cartes. Un petit bijou d’érudition philologique, en même temps qu’un superbe objet.

Editions Reine de Whine, 64 p., 19,90 €.

Une brève mais intense histoire du whisky français, de Matthieu Acar.Premiers consommateurs de single malt au monde, les Français ont fini par produire leurs whiskys. Dans un ouvrage encyclopédique, d’une remarquable précision technique, Matthieu Acar raconte cette histoire, de ses balbutiements bretons (la distillerie Warenghem, à Lannion, en 1983) à l’emballement de la dernière décennie. Il analyse les atouts de cette French touch, riche d’une culture de la distillation de fruits, de la compétence de ses brasseurs, maîtres de chai, tonneliers… sans parler d’un climat propice à la culture des céréales et au vieillissement des eaux-de-vie. Le livre passe enfin en revue quatre-vingts producteurs parmi une centaine de distilleries. Le chiffre pourrait bientôt doubler.

Flammarion, 288 p., 45 €.

110 cocktails d’exception. Créations et classiques. Avec et sans alcool, de Laurent Greco.Autrefois cantonnés à deux ou trois références sans imagination, les cocktails sans alcool prennent leur revanche. Multiples et créatives, les recettes « no abv » (alcohol by volume) répondent à une demande croissante. Ainsi le chef barman Laurent Greco met-il en miroir cinquantre-cinq cocktails alcoolisés, créations et classiques (daiquiri, gin tonic, Moscow mule, cosmopolitan…), avec leur équivalent spirit free. Il recourt à l’émergence des distillats sans alcool de plantes, épices ou fruits, tentant de reproduire le goût du rhum, du gin ou du whisky… De quoi préparer sereinement votre Dry January.

Le Cherche Midi, 184 p., 24,90 €.

Les « ready-to-drink » mettent les bartenders en bouteille

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