EUROVISION 2024 : DES MILLIERS DE MANIFESTANTS RéUNIS à MALMö CONTRE LA PARTICIPATION D’ISRAëL

Après concerts et répétitions sur fond de manifestations contre la guerre à Gaza, le concours Eurovision de la chanson va faire vibrer Malmö, où les représentants de 26 pays se mesureront samedi pour succéder à la Suède. La Croatie, la Suisse et l’Ukraine sont favorites de cette grande messe annuelle du kitsch, suivie en 2023 par 162 millions de personnes.

Plusieurs milliers de manifestants – 30 000 selon les organisateurs, 5 000 selon la police, selon des chiffres rapportés par le journal suédois Aftonbladet –, protestent contre la participation d’Israël qui tentera ce jour-là de se placer pour la finale. La militante écologiste, Greta Thunberg, a notamment participé à ce rassemblement.

À l’intérieur de la Malmö Arena, l’organisation a, comme à l’accoutumée, interdit tout drapeau autre que ceux des participants ainsi que toute bannière à message politique. Mais la neutralité de la plateforme a été bousculée mardi, lors de la première demi-finale, par le chanteur suédois Éric Saade qui, dans le numéro ouvrant la compétition, a porté un keffieh, coiffe traditionnelle palestinienne, autour du bras. Un geste regretté par l’UER et la télévision publique suédoise SVT, qui revendiquent le caractère apolitique de ce rendez-vous populaire.

Pour les fans – la ville attend jusqu’à 100 000 visiteurs, « c’est ce qui est sur scène qui est important : les contributions, les artistes et la musique, et non la politique », insiste le professeur d’histoire des idées, Andreas Önnerfors, spécialiste de l’Eurovision. Presque septuagénaire, l’Eurovision est « une démonstration de la tolérance européenne que l’on ne trouve pas sous d’autres formes ni dans d’autres lieux », souligne-t-il. Toutefois, pour les artistes ukrainiennes, « la politique est partout ».

Cette année, le conflit en Ukraine a été éclipsé par la guerre à Gaza, déclenchée le 7 octobre quand des commandos du Hamas ont mené une attaque contre Israël qui a fait plus de 1 170 morts, majoritairement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. En riposte, l’armée israélienne a lancé une offensive à Gaza, qui a fait jusqu’à présent 34 844 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.

«Ce n’est pas juste. A mon avis, s’ils peuvent écarter la Russie, pourquoi ne peuvent-ils pas le faire pour » Israël, s’interroge Marwo Mustafa, une jeune manifestante d’une vingtaine d’années. En 2022, les sociétés russes de radiodiffusion avaient été exclues de l’Union européenne de radio-télévision (UER), qui chapeaute le concours, dans le sillage de la guerre en Ukraine.

« Il doit y avoir des manifestations, les gens doivent exprimer leurs opinions, les gens doivent boycotter », assure à l’AFP Magnus Børmark, candidat pour la Norvège avec son groupe Gåte, qui, comme huit autres participants ont publiquement appelé à un cessez-le-feu durable. La militante pour le climat Greta Thunberg, connue pour ses positions propalestiniennes, était dans le cortège, aux côtés de nombreuses familles. « A six et neuf ans, mes enfants ont maintenant un âge où ils veulent regarder l’Eurovision mais cette année on boycotte complètement », confie Cecilia Brudell, 31 ans.

Les représentants de certains pays avaient un temps envisagé de boycotter le concours pour protester contre la présence d’Israël, mais n’ont pas donné suite. « Les premiers jours de la semaine de l’Eurovision ont été calmes. Nous enquêtons sur un cas d’incitation présumée à la haine raciale », relève un porte-parole de la police, Jimmy Modin.

Des policiers venus de toute la Scandinavie

Alors que la Suède a relevé l’an dernier son niveau d’alerte après des actes de profanation du coran, « on ne peut évidemment jamais exclure la possibilité que quelque chose se produise, mais il n’y a pas de menace dirigée contre l’Eurovision », insiste-t-il. Des policiers sont venus de toute la Suède mais aussi du Danemark et de la Norvège pour renforcer les effectifs locaux.

Au sein de la communauté juive, certains comptent quitter la ville pour le week-end. « Avec l’Eurovision, il y a comme une intensification. Le sentiment d’insécurité s’est accru après le 7 octobre, de nombreux juifs sont inquiets », explique un porte-parole, Fredrik Sieradzki.

« Je ne peux pas vraiment me réjouir de l’Eurovision, même si sur le principe nous pensons, en tant que congrégation, qu’il est bon que tout le monde soit le bienvenu ici à Malmö, y compris Israël », résume-t-il. « Mais nous préférions que ça ne nous expose pas à quoi que ce soit ». D’après lui, les nombreuses manifestations propalestiniennes n’ont toutefois pas donné lieu à des appels visant directement les juifs de la ville. La sécurité autour de la synagogue a tout de même été renforcée.

Sur les réseaux sociaux, des menaces ont été proférées contre la chanteuse représentant Israël, Eden Golan. Celle-ci participe jeudi à la deuxième demi-finale avec l’espoir d’obtenir un ticket pour la finale samedi à 21 heures. « Je ne suis pas naïve, je sais ce qu’il se passe dans le monde », a-t-elle déclaré ce jeudi. « La musique parle sa propre langue », a-t-elle ajouté.

Au même moment, des militants organiseront la première édition de Falastinvision, compétition musicale en solidarité avec les Palestiniens.

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