« JE NE PEUX PAS DORMIR DANS LE NOIR » : UN AN APRèS SA LIBéRATION D’IRAN, BENJAMIN BRIèRE SE CONFIE

Il sort du silence, près d’un an après sa libération d’une prison iranienne. Benjamin Brière avait retrouvé la France le 12 mai 2023, après plus de trois ans de détention en Iran. Le touriste français voyageait seul à bord de son van au moment de son arrestation en mai 2020. L’Iran l’avait alors accusé d’avoir pris « des photographies de zones interdites » avec un drone de loisir dans un parc naturel, et condamné à huit ans de prison pour espionnage.

Un an après, Benjamin Brière s’est longuement confié sur sa santé mentale au magazine « Envoyé spécial » diffusé sur France 2 ce jeudi. « Je ne peux pas dormir dans le noir. Il faut que je dorme avec la lumière. Il me faut une veilleuse, comme un enfant », témoigne-t-il tristement. « Tu flippes à n’importe quel bruit, tu as encore peur, tu regardes derrière ton épaule », ajoute-t-il, le visage marqué.

Son arrestation est survenue en pleine nuit, vers 2 heures du matin. « Sept ou huit militaires » l’ont alors tiré de son sommeil en toquant à la fenêtre de son van. Il s’agissait des Gardiens de la révolution, armée idéologique du pouvoir iranien.

Il décrit un simulacre de procès dans lequel le juge n’a en réalité aucun pouvoir. « C’est un papier qu’on lui glisse et qu’il lit, c’est grotesque. On vous expose des choses que vous savez que ce n’est pas vrai, ils savent que ce n’est pas vrai », dénonce le Français.

Dortoirs délabrés et surpeuplés

Après sa condamnation, il est conduit à la prison de Valikabad, à Mashhad (nord-est) où l’unique prisonnier étranger côtoie des opposants politiques et des criminels condamnés à mort. Un quotidien éprouvant commence alors, dans des dortoirs délabrés et surpeuplés. « Une prison dans la prison », souffle-t-il. Il reste enfermé 21 heures sur 24, exposé à une lumière continue. Certaines semaines, ses geôliers le confinent dans une cellule minuscule.

Lors de sa détention, le Français a entamé deux grèves de la faim en 2021 et février 2023 avant d’être libéré en mai 2023. « C’est la seule arme que j’ai, qu’ils (le pouvoir iranien) ne peuvent pas contrôler », explique-t-il.

VIDÉO. Iran : les otages français Benjamin Brière et Bernard Phelan ont été libérés

Le trentenaire a été acquitté en appel par la justice iranienne le 15 février 2023 avant d’être libéré en mai. « Benjamin Brière a toujours nié avec vigueur l’absurdité des accusations à son encontre, il n’est ni un espion, ni une menace pour la sécurité intérieure iranienne et ne l’a jamais été », avait alors assuré son avocat Me Valent au Parisien.

Quatre Français encore détenus

Actuellement, quatre ressortissants dont Jacques Paris, Cécile Kohler et Louis Arnaud, sont détenus depuis 2022 en Iran et considérés par le gouvernement français comme « otages d’État » en raison d’arrestations et de condamnations jugées « arbitraires ». Un autre Français, prénommé Olivier, dont l’identité n’a pas été révélée, est également détenu.

Les proches de ces Français ont exprimé ce mercredi leur inquiétude face « à la menace d’un conflit ouvert entre l’Iran et Israël » et exhorté l’État à intensifier ses efforts diplomatiques avec Téhéran pour obtenir leur libération.

« Il y a dix mois, j’ai été libéré avec ce sentiment de soulagement quasi-total mais teinté de culpabilité », a témoigné Benjamin Brière le 23 mars lors d’un rassemblement à Paris. « Le mot otage est et sera toujours le plus approprié. Cécile est otage, Louis est otage, Olivier est otage, Jacques est otage », avait-il souligné. « J’ai été un otage. N’en déplaise aux tortionnaires, aux bourreaux et aux bouchers du régime iranien. »

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