POURQUOI EST-CE QUE J’AI TOUJOURS ENVIE DE SUCRé à LA FIN DU REPAS ?

En 2018, une enquête NDP pour Neo Restauration relevait que les Français étaient les plus gros consommateurs de desserts d’Europe, en dégustant deux fois plus que leurs homologues à l'année. 

Et si l'on pourrait expliquer ce côté bec sucré par la culture de l’entrée-plat-dessert ancrée dans l’Hexagone, force est de constater qu’il n’y a pas que nos habitudes sociales (si vous avez grandi avec un dessert pris à chaque fin de repas) et culturelles qui peuvent nous pousser vers le stand des desserts à la cantine. 

"On mange pour se nourrir, pour répondre à un besoin fondamental, mais ce besoin se décline en différentes branches : l’énergétique (les fameuses kilocalories pour assurer les fonctions basiques de l’organisme), le nutritionnel et l’hédonique, l’émotionnel (on a besoin de manger, régulièrement, des choses qui sont agréables en bouche, au palais)", nous explique Charles Brumauld, diététicien-nutritionniste et auteur de Le SAV de l’alimentation (Ed.First). 

Entre rassasiement global et rassasiement spécifique

Afin de comprendre pourquoi, même si notre assiette est débarrassée non vidée, la mousse au chocolat passera toute seule, il convient d'observer les mécanismes de régulation du corps

Charles Brumauld précise que ces systèmes nous permettent d’ajuster les quantités d’aliments en fonction de nos besoins et d'ainsi maintenir un poids d’équilibre (dans le cas où une pathologie/un traitement ne vient pas influencer notre prise de poids). 

"On a le rassasiement global : le moment où l’on n’a plus faim, plus envie de manger (le pourcentage de remplissage de l’estomac et le côté gustatif, 'je me suis assez régalé'). Mais aussi le rassasiement spécifique : on est lassé de ce que l’on est en train de manger, mais on a quand même envie de continuer à manger le plat suivant. On est rassasié en termes de calories et de nutriments, mais on ressent le besoin de combler un appétit sensoriel". 

Une envie de sucré décuplée en période de fêtes

En octobre dernier, un article paru dans The Washington Post exposait ainsi la "satiété sensorielle spécifique", particulièrement présente en période festive. 

"Nous sommes peut-être trop rassasiés pour manger une autre bouchée après nous être gavés avec des aliments salés comme la dinde, la purée de pommes de terre et la sauce. Mais si un aliment différent est proposé – par exemple un dessert au chocolat – les gens ont tendance à manger davantage", peut-on y lire. 

Notamment parce que la composante "fêtes" peut aussi nous faire pencher plus facilement vers les sucreries en fin de repas. 

"Les fêtes de fin, ce n’est pas tous les jours. On se retrouve tous, il y a la convivialité, le partage... Et surtout, une abondance de mets comme la bûche, les marrons glacés, ect qui est agréable pour le palais. Le caractère exceptionnel fait que même si je n’ai plus faim, je vais toujours avoir une place pour le reste", appuie le diététicien-nutritionniste.

Quand il manque quelque chose à la fin du repas

Et en période de grande consommation de douceurs, il arrive que l'on se restreignent - soit pour préparer son corps, soit pour compenser après un excès -. Sauf que selon le ton donné à cette restriction, l'effet ne sera pas celui escompté. 

"Si l'on veut se 'punir', on va faire des plats légers, qui ne nous font pas forcément plaisir. Le risque, c’est de se dire que le repas ne nous satisfait pas et donc on reporte le plaisir à un autre moment de la journée ou en dessert, ce qui amène à des craquages, liés aux frustrations". 

L'une des premières études menées sur le sujet, parue en 1975 dans la revue Journal of Personnality, avait d'ailleurs souligné que "les personnes qui suivaient un régime plus restrictif étaient plus susceptibles d'en faire trop lorsqu'on leur donnait l'occasion de manger des sucreries que celles qui ne suivaient pas de régime".

"Les chercheurs pensent que l'envie de dessert pourrait être liée à notre besoin nutritionnel d’avoir une alimentation équilibrée. En agrémentant votre plat principal avec plus de variété, vous n'aurez peut-être pas l'impression qu'il manque quelque chose à la fin du repas", appuie The Washington Post.

Faut-il vraiment se priver de dessert ?

Il en va de même pour la diabolisation de certains desserts, face à d'autres.

"Le fruit, on va se dire qu'on a 'le droit', parce qu'il y a des fibres, que c’est bon pour le microbiote… Alors que le gâteau, c’est du sucre ajouté. Mais n'oublions pas que notre cerveau a du mal avec la négation. Et surtout que, cette part de gâteau, mélangée au bol alimentaire du repas, ne va pas tant faire augmenter la glycémie que ça. C'est une question d'équilibre, le corps se régule très bien", rappelle Charles Brumauld.

Continuer à prendre un dessert régulièrement, en variant les sources, ne va donc pas nuire à votre santé. Mais, dans le cas où vous avez l'habitude de prendre un dessert après chaque repas, et que vous avez envie de faire défaire de cette dernière, rien de mieux que le test and learn, d'après l'expert. 

"Nous avons, dans notre cerveau, une 'bibliothèque' de notre répertoire comportemental lié aux aliments, aux odeurs, aux saveurs… Tout est apprentissage. Donc, si on n'a jamais testé autre chose que le sucré en fin de repas, on n’aura jamais envie d'autre chose". 

Enfin, le diététicien-nutritionniste invite à apprendre à conjuguer avec sa culpabilité. 

"C'est une émotion adaptative qui est parfois là pour veiller à notre santé. On peut prendre le temps de la remercier et, surtout de la jauger (en se demandant si elle est aidante ou paralysante). Qu’est-ce qu’elle me fait faire (marcher pour brûler des calories, manger un petit repas...) et qu’est-ce que j'aimerais faire si elle était modérée (écouter sa faim, faire une marche pour digérer) ? Si c’est redondant et paralysant, on peut voir un psychologue et/ou diététicien spécialisé", recommande-t-il. 

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