POURQUOI IL FAUT ARRêTER DE DIRE « CHUT ET ASSIEDS-TOI » à UN ENFANT LORS D'ATELIERS (MUSICAUX)

Lors d'ateliers musicaux, parfois même dans les concerts pour les familles, on retrouve la plupart du temps les enfants assis sur les deux premiers rangs et leurs parents, debout derrière, qui profitent de la musique tout en gardant un œil vigilant sur leur progéniture. Et si un enfant ou deux se lèvent et font du bruit pendant l'atelier ou le spectacle, leurs parents leur demandent de se taire et de se rasseoir, craignant qu'ils perturbent son bon déroulement. Qui n'a jamais vécu cette scène ? Mais pourquoi on fait ça ? Et quelle attitude adopter ? Claire Wyniecki, fondatrice de la première école artistique et culturelle pour les enfants de la naissance à 10 ans Le Bon Ton, nous apporte son décryptage.

Les parents sont avant tout gênés par rapport aux autres participants du concert ou de l’atelier, ils ont peur de déranger. Il y a peut-être aussi une petite once de flemme de courir après son enfant (on est tous pareils avouons-le) avec la fatigue parentale que l’on connait ! Et surtout, ils sont persuadés que si leur enfant ne reste pas bien assis en tailleur, les yeux écarquillés et la lèvre du bas "bourreletée", ils ne « garderont rien » de l’atelier. Ce qui est faux.

Comment réagir si notre enfant est le seul debout ? 

Mettons-nous une seconde à leur place : imaginez-vous assis pendant 4h d’affilée (l’équivalent d’une heure pour eux). On attend un peu l’intervenant (ou l'artiste), on s’impatiente… Et du coup, on s'occupe avec notre téléphone portable. Les enfants n’ont pas cette béquille d’occupation. Puis l'intervenant arrive et le stress monte : "Asseyez-vous en tailleur, ne bougez plus, prenez votre stylo comme ceci et votre feuille comme cela". Je vous assure que votre réaction sera de ne pas arriver à écouter l’intervenant parce que vous ruminerez la consigne. Comment reprocher à nos enfants ce que nous-mêmes ne somme pas en mesure de faire et de leur montrer l’exemple ? 

Pour aller plus loin, l’enfant est un petit être encore très sensoriel. Il a besoin de mettre en action tous ses sens pour se plonger dans l’expérience artistique. Il a besoin de bouger (pour ressentir dans son corps), de chanter ou parler, de toucher. C’est naturel. Et plus on le restreint, plus il aura envie de se libérer. Il sera « obligé » de rester sur une chaise d’école bien assez tôt ! En revanche, il y a des limites : expérimenter avec son corps, chanter, toucher, ce n’est pas taper les autres ou abîmer le matériel. 

Je ne sais pas la différence entre vivre un atelier ou un concert, assis ou debout. En revanche l’important est de le vivre comme on le sent au moment M. Je peux vous dire que dans mes premières années d’expérience, je suis plusieurs fois sortie dépitée d’animations parce que tel enfant m’avait tourné le dos tout le long ou avait voulu jouer avec une petite figurine au lieu de m’écouter les yeux écarquillés. C’est souvent cet enfant-là, celui qui soit disant « n’écoute rien » qui pond à ses parent, le lendemain, un merveilleux dessin résumant tout ce qu’il a vécu à l’atelier la veille. Alors que les petits anges sont parfois un peu passifs… Pour résumer, il n’y a aucune leçon à donner à qui que ce soit. Mais la clé est quand même dans l’attitude des parents : est-ce que je suis un peu bloquant avec mon enfant ? Trop stressé par le regard des autres ? Est-ce que moi-même je donne l’exemple de la patience à mon enfant, sans regarder sans arrêt mon téléphone…? Et puis il faut bien faire attention à la qualité des animations que l’on propose aux enfants, il y a des choses qui font beaucoup parler et qui ne sont absolument pas pensées pour les petites oreilles et les petits yeux des enfants.